Chapitre 19 :

Résistance

 

 

– Le fractionnement est la division de l’unité. Pour exemple, une unité telle que l’univers se fractionne de plus en plus jusqu’à notre monde tel qu’il est. Pour la magie c’est la matière sous diverses formes qui se fractionne jusqu’à l’atome d’énergie pur dont on peut extraire et canaliser la puissance afin de l’utiliser sous diverses formes. Le fractionnement sert donc à rassembler de l’énergie, aussi appelée aura, en prenant conscience de chaque particule d’énergie qui nous entoure, c’est pourquoi rassembler une grande quantité d’énergie demande beaucoup de temps. C’est ainsi qu’un magicien peut rassembler de l’énergie sans passer par un catalyseur autre que son propre corps. C’est autrement plus ardu mais aussi plus puissant qu’utiliser une pierre d’aura, aussi appelée aurichalque, comme nous le faisions jusque là.

– Donc effectuer un fractionnement c’est emmagasiner des particules magiques ? récapitula Ash.

– C’est ça, confirma Laruku. De la magie à l’état pur. Cependant il existe un moyen de transformer cette magie en magie élémentaire. En traçant du bout des doigts un symbole respectivement lié à chaque élément, il est possible de transformer les particules de magie pure en particules chargées de feu, d’eau, de vent et bien d’autres encore selon les symboles. Bien sûr lorsque tu es en symbiose partielle ou totale avec un esprit élémentaire, tu peux t’affranchir de tracer ces symboles.

– Justement, ces symboles qu’on doit tracer n’ont rien à voir avec ceux des esprits élémentaires ?

– Non, ceux que tu portes gravés sur ta peau sont des sceaux magiques. Les mêmes utilisés pour enfermer les esprits dans leurs autels respectifs. C’est une sorte de prison magique employée par nos peuples pour soumettre un esprit.

– Dans ce cas, comment ai-je fait pour tracer le symbole de l’eau pour vous arrêter toi et Kaïh ? Ça m’est venu si naturellement.

– Je ne sais pas, avoua l’Etrah. Peut-être est-ce une sorte de connaissance en sommeil. La mémoire profonde peut cacher des informations restées en latence pendant des années avant qu’elles soient stimulées. Ou alors est-ce là une sorte de mémoire génétique très élaborée qui viendrait directement des Séraphins.

– Bref, on ne sait pas, conclut Kaïh exaspéré par tout ce verbiage. Si je comprends bien, l’aura qu’on a dégagée toi et moi est due au fractionnement ?

– C’est cela. C’est une manifestation physique de l’accumulation d’énergie. Le phénomène a du se déclencher grâce à la frénésie de notre combat.

– Mais alors, pourquoi les couleurs diffèrent ? Orange pour moi, vert pour toi et noir pour Ash ?

Laruku fit remonter ses lunettes sur son nez tandis que leur traîneau avançait, tiré par deux énormes chiens loups. Ils avaient quitté Silbara très tôt, dès que la tempête s’était calmée. Plus aucun nuage n’était visible. Le soleil brillait dans le ciel, les réchauffant presque alors qu’ils filaient sur une étendue de glace.

– C’est là qu’on rejoint ce dont je vous avais déjà parlé. Même si j’ai menti pour l’esprit des ténèbres, il est vrai que chaque esprit élémentaire a sa propre longueur d’onde. Et cela est, je pense, également vrai pour chaque être vivant utilisant la magie. Cette couleur propre à chaque personne est sans doute liée à un certain type de longueur d’onde propre à chaque magicien. Un peu comme la couleur des yeux de chacun.

– Ce n’est donc pas lié aux éléments ? demanda Kaïh. Ce n’est pas parce que tu es plus proche de l’esprit du vent que ton aura est verte ?

– Non, ça n’a rien à voir. La tienne est orange et pourtant tu n’as rien à voir avec l’esprit du feu, n’est-ce pas ? Ce n’est qu’un hasard si la mienne semble être verte.

Ils avançaient rapidement en direction de Grühl, le continent des Gaïens. Ash y avait réfléchi en long en large et en travers avec Kaïh et Laruku. Elle devait continuer à rassembler les esprits en elle et à ramasser les pages du livre du renouveau. Même si ces dernières ne lui étaient pas d’une grande aide, elle sentait qu’elles n’étaient pas inutiles pour autant. Elles auraient un rôle à jouer à un moment ou à un autre. Sinon, tout cela n’avait pas de sens. Après tout pourquoi prendre la peine de coucher un texte sur papier, surtout qu’il n’apparaît que sous certaines conditions…

Ash y pensait depuis un petit moment et c’était là l’occasion de soumettre son hypothèse aux deux autres. Après tout, il fallait tout remettre en perspective avec les nouvelles informations dont ils disposaient.

– Dîtes, on pensait que les pages s’activaient à mon contact parce que je possédais un esprit élémentaire en moi. Mais vu que ce n’est pas le cas, alors ça pourrait vouloir dire que…

– … qu’elles te sont entièrement destinées, compléta Laruku.

– Et ça colle avec ton histoire de longueur d’onde non ? demanda Kaïh hésitant. Comme une clef sur une serrure ?

– Exactement ! s’exclama Laruku soudain emporté par le fil de ses pensées. Pourquoi n’y ai-je pas pensé tout seul !? Ces pages ne seraient pas destinées au peuple de Gaëa mais aux enfants. Et ça voudrait dire que ce sont bien les Séraphins qui les ont rédigées !

– Donc elles racontent la vérité ? osa Kaïh, fier de lui d’avoir fait réaliser quelque chose à l’Etrah.

– Non, c’est peu probable. En revanche, elles doivent servir à quelque chose, c’est certain.

– Je le savais, lâcha Ash. Une fois les cinq pages réunies et l’esprit du feu absorbé, nous nous rendrons au Cratère. Il y a sûrement beaucoup de réponses là-bas.

– Et beaucoup de soldats Etrahs, compléta Laruku pensif.

Ash ne pouvait imaginer ce que cela représentait de trahir volontairement son peuple, mais elle savait que Laruku cachait sa crainte. Le moment venu, ils devraient affronter ceux qui se mettraient en travers de leur route et ça incluait Aostaris et tous les Etrahs étant de son coté. Ce moment arriverait aussi certainement que le face à face entre Ash et Anghor aurait lieu. Et ce serait une terrible épreuve pour l’Etrah. La princesse n’arrivait même pas à comprendre comment Laruku s’y était résolu. Peut-être ne l’avait-il pas encore fait ? Espérait-il que finalement tout s’arrange ? Il devait surement intellectualiser la chose, comme il le faisait toujours. Mais rien n’était moins sûr. C’est pourquoi, afin de le réconforter un peu, Ash lui offrit son plus chaleureux sourire. Et le moment venu, elle serait aussi là, pour le soutenir autant qu’il le faudrait. Mais avant cela, il fallait qu’ils se rendent au Cratère, là où un vaisseau Séraphin s’était apparemment écrasé des siècles auparavant, figeant là-bas leur technologie et une partie de leur immense savoir en matière d’aura. Laruku connaissait son emplacement exact et était persuadé de trouver là-bas de nombreuses réponses.

Au milieu de la journée, ils firent une halte sous un large pic de glace, les abritant du vent qui s’était levé. Le soleil brillait toujours, mais ne les réchauffait plus le moins du monde. Ils nourrirent les deux énormes loups avec une carcasse à moitié congelée récupérée à Silbara, et décidèrent de se réchauffer un peu autour d’un feu.

– Attends, lança Laruku alors que Kaïh s’apprêtait à gratter une allumette. Allume-le avec ta magie.

– Tu ne crois pas que c’est un peu prématuré ? soupira Kaïh. Même si mon aura est apparue j’ai toujours été un nul en magie. Je pense avoir besoin d’un peu de pratique.

– Essaie, insista Laruku.

À nouveau le jeune homme soupira en secouant la tête. Il tourna alors la tête vers Ash qui lui adressa un signe d’encouragement. Il souffla une dernière fois, se rapprocha du feu, fronça les sourcils et se concentra. Alors qu’une légère teinte rouge commençait à l’entourer, il s’arrêta soudain.

– C’est quoi déjà, le symbole Séraphin du feu ?

Ash pouffa de rire pendant que Laruku sortait son terminal de sa poche, l’air blasé. Il lui montra le symbole et Kaïh s’exerça un petit peu avant de se lancer à nouveau.

La teinte rouge emplit bientôt l’air autour de Kaïh et il se mit alors à tracer du bout du doigt le symbole du feu. À peine eut-il fini, qu’une véritable explosion retentit, soufflant un air brûlant sur les deux autres. Laruku et Ash cherchèrent alors le jeune homme du regard à travers l’écran de fumée qui s’était levé.

Les fesses enfoncées dans la neige, deux pouces levés, il souriait, fier de lui. La buche s’était enflammée et dégageait déjà une douce chaleur sur eux. Après un rire partagé, ils aidèrent Kaïh à se dégager, puis s’installèrent autour du feu.

– Il ne te manque plus qu’un peu de pratique pour bien doser ta magie, dit alors Laruku. Après ça tu pourras rivaliser avec moi, j’en suis sûr.

Kaïh fronça les sourcils, surpris. Laruku venait de le complimenter ouvertement, sans détour.

– Qu’est-ce qu’il a, lui ? demanda-t-il à Ash.

– Il doit avoir de la fièvre et il délire, répondit-elle tout aussi surprise.

– J’ai eu l’occasion de mesurer ta force hier, expliqua Laruku qui ne marchait pas dans leur petit jeu. Je ne t’aurais jamais cru capable de me toucher. Je suis sincère quand je te dis qu’avec un peu d’entraînement, tu pourrais me surpasser. Ta force couplée à la magie donnerait un combo surpuissant.

Les deux autres échangèrent un regard perdu.

– Merci ? hésita Kaïh. T’es pas mal non plus…

Ash explosa de rire. Un rire incontrôlable qui lui donna très rapidement le tournis.

– Non, attends, ce n’est pas ce que je voulais dire ! s’écria Kaïh. Qu’est-ce que t’imagines toi ?!

Mais Ash ne l’écoutait plus, secouée par un fou rire.

– Je n’ai pas compris, mais je suis sûr que je n’apprécierais pas, fit remarquer Laruku.

– T’es trop sérieux comme mec de toute façon, lui lança Kaïh, toujours vexé. Ash ! Arrête !

Ils se remirent en route peu de temps après. L’ambiance s’était beaucoup détendue entre eux et Ash en était ravie. Pourtant, elle gardait en mémoire tous les problèmes qu’il lui restait à résoudre. Et le plus important à ses yeux était de retrouver Telhia saine et sauve. Elle était persuadée qu’elle était prisonnière d’Anghor et que ce que ce dernier avait pu lui dire n’était qu’une ruse pour la déstabiliser. Il avait laissé entendre que la jeune magicienne l’avait rejoint, mais la princesse savait que c’était impossible. Elle n’essayait pas de se persuader ; elle le savait. Telhia n’avait pas rejoint Anghor, tout du moins pas de son plein gré. Et lorsqu’elles se retrouveraient, rien n’aurait changé entre elles. Après tout, n’étaient-elles pas sœurs ?

En fin de journée ils arrivèrent près d’un village scintillant de mille feux dans la pénombre qui commençait à recouvrir l’étendue de glace. Ils décidèrent d’un commun accord de ne pas y pénétrer tous les trois pour ne pas attirer l’attention. Ils arrêtèrent donc le traîneau à bonne distance afin de décider qui s’y rendrait.

Ash se proposa quasi immédiatement.

– Laissez-moi y aller, pria-t-elle. Je resterai discrète et ne ferai rien de stupide.

– Pour information ce village est rempli de Tiophéis, expliqua Laruku. Ils sont sûrement au courant que leur capitale à été détruite et ça ne m’étonnerait pas que cet incident nous retombe dessus.

– Ce n’est pas prudent pour toi d’y aller, trancha Kaïh. J’y vais.

– Non, rétorqua Laruku. On doit recueillir un certain nombre d’informations, ce qui requiert de la discrétion et du tact. Ce n’est pas du tout dans tes attributs.

Ash leva les yeux au ciel, exaspérée.

– Réfléchissez ! lança-t-elle. Si ça tourne mal, il me suffira de faire une symbiose avec l’esprit de l’eau et aucun Tiophéis n’osera lever la main sur leur divinité incarnée.

De concert les deux garçons ouvrirent la bouche sans qu’aucun son n’en sorte. Ash sût alors qu’elle avait gagné. C’est elle qui irait se renseigner au village.

Elle enfila donc un large manteau rongé par les mites, pourvu d’une grande capuche couvrant la moitié de son visage. Avant qu’elle parte, Laruku lui prodigua quelques conseils.

– Les Tiophéis sont deux à trois fois plus grands que nous, tu ne passeras certainement pas inaperçue. Mais ils sont très dociles et se sont beaucoup ouverts aux autres races ces dernières années. Mais il est fort probable que l’avis de recherche lancé par Anghor soit aussi d’actualité ici. Tant qu’ils ne te reconnaissent pas en tant que Princesse de Zankior, ça devrait aller. Essaie d’aller dans un endroit très fréquenté et cherche des personnes isolées à aborder. Reste à proximité d’autres humains, ou de toute autre race présente dans ce village. Cela paraîtra moins suspect.

Elle acquiesça, puis, tandis que la nuit avalait tout autour d’eux, elle se mit en route vers la petite ville qui illuminait les ténèbres alentour.

Elle marcha quelques minutes dans la neige et finit par pénétrer dans le village. Elle fut tout de suite frappée par la grandeur des bâtiments. Autant dans la capitale, cela ne l’avait pas choquée, autant dans un petit hameau comme celui-ci, le contraste était saisissant. Tout était long sans dépasser une certaine hauteur. Des lumières plantées dans les bâtiments laissaient tomber sur le sol une lumière vacillante, presque incertaine. Comme Laruku lui avait dit, les Tiophéis étaient vraiment très grands. C’était principalement leurs membres qui étaient très longs. Leur peau quant à elle était quasi translucide, laissant apparaître de petits yeux sans iris qui se posaient sur Ash lorsqu’elle passait à leur portée.

La princesse se retint de plus amplement dévisager ces êtres fascinants, et avança dans la rue principale jusqu’à arriver aux abords de ce qui ressemblait à un petit bar duquel une lumière chaleureuse s’échappait. Un murmure régulier laissait penser qu’un certain nombre de personnes s’y trouvait ; l’endroit parfait pour trouver des informations.

Elle pénétra donc dans l’établissement et une douce chaleur l’entoura, de même que des effluves d’alcool particulièrement forts. D’un regard circulaire elle put compter une quinzaine de Tiophéis mais également cinq Etrahs et deux Hommes, dont l’un tapait du poing sur le comptoir. Elle s’en approcha discrètement.

– Puisque je vous dis que tout le sud nous appartient, grogna l’homme. Anghor a soumis la moitié du continent Etrah. Ares tombera, ce n’est qu’une question de temps !

– Fais attention à tes paroles, humain, pesta un Etrah.

– Il est encore temps de nous rejoindre, reprit calmement l’autre Homme. Anghor ne souhaite pas particulièrement exterminer votre peuple. Ceux qui se rendent seront épargnés.

– Et envoyés à la mine extraire des tonnes de blocs pour ériger son empire ? répliqua un deuxième Etrah. Nous ne serons pas volontaires pour être esclaves !

– Tu te trompes, reprit le premier humain qui apparemment était un officier gradé de la nouvelle armée d’Anghor. Les guerriers Etrahs sont redoutablement efficaces. Un poste d’officier te tendra rapidement les bras si tu t’engages. Crois-moi, c’est inespéré.

– Votre roi finira par vous trahir comme notre princesse l’a fait, renchérit le deuxième Homme. C’est maintenant qu’il faut penser à sauver votre peau. Et c’est valable pour les Tiophéis aussi, ajouta-t-il à l’intention de l’un de ses voisins. La princesse a réduit votre temple en cendres et volé votre esprit élémentaire, qu’attendez-vous pour vous soulever ?

– Notre roi parlemente d’ores et déjà avec Anghor, répondit le Tiophéis. Mais nous ne voulons pas de guerre.

L’Homme explosa de rire, engloutit une pinte d’alcool et reprit la parole.

– Les avantages sans les inconvénients. Dans quel monde utopique vivez-vous ? Votre allégeance devra aller bien plus loin que ça et votre roi le sait déjà. Avec votre force brute à nos cotés, nous aurons assez d’effectifs pour retrouver Zanakioriah et la livrer à Anghor pour qu’elle soit jugée. C’est tout ce que nous voulons.

– Et une fois cela fait ? demanda un Etrah agacé.

L’Homme hésita un moment, reprenant un air sérieux.

– Anghor souhaite unifier tous les peuples sous une seule et même autorité, pour repousser les ténèbres qui menacent à nouveau Gaëa. C’est aussi pour ça qu’il a pris le trône à la mort du roi. Vous avez vu les démons comme moi, non ? hurla-t-il alors. N’avons-nous pas vaincu ces monstres pour sauver votre village ?! N’est-ce pas là la preuve de notre bonne foi ?!

Ash serra les dents, hors d’elle. Ces deux officiers étaient en train de manipuler les Tiophéis pour les convaincre de la justesse de leur cause. Leur plan était machiavélique et il était fort probable que partout sur Gaëa d’autres Hommes répètent le même plan : feindre de vaincre des démons qui sont en fait sous leurs ordres afin de passer pour des sauveurs.

– Conneries, lâcha quelqu’un juste à coté d’Ash.

Celle-ci ne l’avait même pas entendu s’installer au comptoir. Comme elle, il portait une capuche qui couvrait la moitié de son visage. L’inconnu buvait tranquillement une chope d’alcool, comme si de rien n’était.

Un des sous-fifres d’Anghor se retourna vers lui, surpris, puis s’approcha en riant haut et fort. Mais l’inconnu ne sembla pas s’en inquiéter.

– Tu veux mourir ? lui lança l’officier qui était arrivé juste derrière lui.

– Et qui va m’ôter la vie ? Toi ?

– J’ai vaincu un démon, s’emporta l’officier. Et des gens ici peuvent en attester !

– Foutaise.

L’officier sortit alors une lame et la dirigea droit dans le dos de l’inconnu. D’un mouvement extrêmement rapide, Ash pivota et bloqua la main de l’homme en serrant son poignet si fort qu’il laissa échapper son arme. Elle avait du effectuer un bref fractionnement pour accélérer son geste.

– Je vous remercie, Princesse, dit calmement l’inconnu, mais je n’avais pas besoin de vous pour maîtriser cet escroc.

Dans son élan, Ash avait fait glisser sa capuche en arrière, révélant à tous son visage. Mais dans le même temps, l’inconnu avait abattu son poing dans le ventre de l’officier qui finit par s’étaler sur le sol, inconscient. Immédiatement son acolyte dégaina un large Magun qu’il pointa vers eux. Ash n’eut d’autre choix que de lever les mains en signe de reddition, mais l’inconnu continua à siroter son verre en toute tranquillité.

– Si vous ne faites ne serait-ce qu’un geste, je fais feu et la moitié de cet établissement prend feu.

Les clients du bar se tournèrent alors vers le soldat.

– Je croyais que vous étiez là pour nous protéger, demanda calmement le Tiophéis derrière le comptoir.

– Pas si j’ai l’occasion de ramener la Princesse à Anghor. C’est un haut-fait qui saura l’impressionner et me placera bien au dessus de ses sept généraux. Il fera de moi un homme riche et surpuissant.

La pierre incrustée dans son arme luisait, prouvant qu’il était prêt à faire feu. Il était trop loin pour que la princesse puisse l’atteindre, et si elle amorçait un seul mouvement, il ferait feu. Elle ne voulait pas prendre ce risque.

– Ceux qui m’aideront seront également grassement récompensés, soyez-en sûrs.

Après un moment de flottement, les quatre Etrahs dégainèrent leurs armes qu’ils pointèrent vers Ash.

– Ne l’écoutez pas, il vous ment ! s’écria-t-elle. Votre roi m’a aidée, pourquoi vouloir me livrer à Anghor maintenant ?!

– Le roi a changé ses plans, répondit l’un des Etrahs. Nous n’avons pas le choix, Princesse, Anghor est à notre porte. Le temps nous manque.

Ash soupira, complètement dépitée. Elle était donc la méchante dans l’histoire qu’on racontait au monde. Elle le savait déjà, mais constater qu’autant de gens se liguaient contre elle la déprimait profondément. Personne n’avait apparemment la présence d’esprit de douter d’Anghor.

Mais l’inconnu vint alors tranquillement se placer devant Ash, le visage toujours couvert par une capuche.

– Vous êtes tous des idiots. Même vous, qui restez passifs face à cela, ajouta-t-il à l’intention des Tiophéis. Ce n’est pas ici que je trouverai un peu d’espoir. Partons, Princesse.

Il prit Ash par le bras et amorça un mouvement, mais un Etrah se plaça entre lui et la sortie.

– Tuez-le, ordonna le soldat. Il ne nous intéresse pas.

– Désolé, souffla l’Etrah.

– Cesse donc d’être désolé et agis selon tes convictions, petit crétin.

L’Etrah abattit alors sa lame vers la tête de l’inconnu. Un fracas assourdissant de verre brisé et de bois qui craque retentit. L’agresseur venait de voler à travers la pièce, s’écrasant contre la porte de sortie qui avait cédé sous la violence de l’impact.

Ash aperçut furtivement une aura dorée s’échapper de la main de l’inconnu.

– Arrêtez-le bon sang !

Les trois autres Etrahs se jetèrent sur lui, mais finirent comme le premier. Tous assommés, éparpillés dans le bar. Malgré cela, aucun Tiophéis n’avait bougé. Ils semblaient totalement passifs.

L’inconnu s’approcha alors doucement du soldat qui pointait depuis un moment son arme vers lui.

– Qui es-tu ? bégaya ce dernier.

– Kensuke Aldebaran, membre des Cinq Piliers.

– La résistance ?! s’écria alors le soldat. Vous êtes pathétique ! Jamais vous ne parviendrez à…

– Retrouver la princesse ? le coupa-t-il. Je crois au contraire que c’est en bonne voie.

– MEURS !

La détonation vrilla les tympans d’Ash et elle sentit une vive douleur lui parcourir la main.

Elle avait bondi sur l’arme tout en effectuant un fractionnement dans sa paume droite qu’elle avait plaquée sur le canon du Magun. L’explosion avait projeté le soldat en arrière, mais n’avait pas fait plus de dégâts. Seule une petite brûlure circulaire se dessinait au creux de la main de la jeune femme.

– Une fois encore, j’aurais pu m’occuper de lui, dit calmement le dénommé Kensuke. Ne restons pas ici, venez.

– Attendez, s’écria alors un Tiophéis. Thanalive est en vous, Princesse ?

– Oui, affirma-t-elle sans détour. Et il m’aidera à défaire Anghor. Désolée de vous l’avoir enlevé sans prévenir.

– Si telle est sa volonté, nous nous battrons à vos côtés.

Les autres Tiophéis acquiescèrent devant le visage abasourdi de la princesse.

– Ça, je ne m’y attendais pas ! lança Kensuke. Mais on n’a pas le temps de discuter là, d’autres Hommes sont postés autour du village, nous ne pouvons pas rester.

– Nous attendrons les ordres de la Princesse, répondit alors un Tiophéis.

Ash acquiesça en esquissant un sourire, lâcha un « merci » et suivit l’Homme encapuchonné à l’extérieur.

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