La cité sous le dôme
Lorsque enfin Ash fut libérée de son bandeau, elle eut d’abord beaucoup de mal à ouvrir les yeux tant la lumière semblait puissante après autant de jours d’obscurité. Elle nota la présence d’une douce odeur de pin tandis qu’elle se forçait à ouvrir les yeux par intermittence. On aurait dit qu’un oiseau lui picorait la cornée.
Heureusement, elle distingua assez vite les contours d’une cellule ainsi qu’une large rangée de barreaux au-delà de laquelle deux personnes parlaient.
– Je vais avertir le roi. Si mes soupçons sont fondés il va falloir réunir le conseil au plus vite. Jusque là, gardez un œil sur eux et veillez à ce qu’ils mangent à leur faim.
– Bien capitaine.
C’était les premiers mots compréhensibles qu’Ash entendait depuis leur capture.
Après quelques minutes d’accommodation, elle ouvrit enfin grand ses yeux et put détailler la pièce dans laquelle elle se trouvait. Ce qu’elle avait pris pour une rangée de barreaux se trouvait être des racines dessinant une grille au delà de laquelle se trouvait un garde Etrah armé d’une longue lance. Les murs de la cellule eux aussi semblaient composés de centaines de racines et branches entrecroisées. Le plafond quant à lui était translucide. Situé à cinq mètres au dessus d’elle, il ressemblait à une fine membrane laissant filtrer la lumière du soleil.
– Où sont mes amis ? osa Ash en direction du garde.
Il ne cilla même pas, aussi immobile qu’une statue.
– Ash, c’est toi ? lança la voix de Telhia sur la droite.
Elle se précipita contre les barreaux de bois.
– Telh, tout va bien ? Où es-tu ?
– Il semblerait que nous soyons tout les trois dans des cellules mitoyennes, répondit la voix de Kaïh sur la gauche.
– Où est-ce qu’on est, bon sang ? pesta Ash.
– On dirait Ares, la capital des Etrahs.
– C’est impossible ! s’exclama Telhia. Ares se trouve à des kilomètres de la frontière. Il faudrait des semaines de marche pour y aller à pied.
– Je sais, mais vous avez entendu comme moi l’autre Etrah dire qu’il allait avertir le roi. Et jusqu’à preuve du contraire le roi réside dans la capitale.
– De toute façon on ne peut qu’attendre, non ? trancha Ash. Alors peu importe de savoir où on est.
– Hé, mais c’est toi qui as posé la question ! fit remarquer Telhia.
Ash essaya de se rappeler ce qui avait suivi leur capture.
Leurs yeux avaient été rapidement recouverts par un tissu, les empêchant de voir quoi que ce soit. La dernière chose qu’Ash avait aperçue, c’était les animaux étranges sur lesquels ils avaient été chargés comme des sacs à patates. À quatre pattes, ils mesuraient facilement deux mètres de haut et cinq de large. Leurs corps allongés semblaient sveltes et leurs membres musclés se rétrécissaient de plus en plus jusqu’à former une pointe recourbée sur laquelle ils s’appuyaient, comme une sorte de ressort. Leurs visages étaient recouverts par une matière qui ressemblait à de l’écorce, fendue en petites ouvertures horizontales, là où se trouvaient logiquement leurs yeux. Après ça, elle avait été plongée dans le noir total puis fouillée minutieusement. On lui avait pris son Magun et retiré son gantelet. De même, elle avait senti une main fouiller la poche dans laquelle se trouvait la relique. Puis on leur avait entravé les pieds et les mains et on les avait placés sur ces étranges animaux au masque de bois.
En quelques jours — difficile de juger avec les yeux bandés — ils s’étaient arrêtés tout au plus une ou deux heures pour manger et personne n’avait prononcé un seul mot près d’Ash. Les seules bribes de conversation qu’elle avait entendues étaient si lointaines qu’elle n’était pas parvenue à les comprendre. De même, elle n’avait pu dormir que quelques heures et avait accumulé beaucoup de fatigue. L’angoisse était allée crescendo depuis qu’ils avaient quitté l’ancienne Zankior. Elle avait eu le temps de se poser des milliers de questions mais aucune réponse n’était venue la soulager un tant soit peu. Par chance, elle avait tenu bon en se répétant que si les Etrahs avaient voulu les tuer, ils l’auraient fait immédiatement. Et même maintenant qu’ils étaient retenus prisonniers dans un lieu inconnu par un peuple hostile aux humains, Ash trouvait du réconfort à se répéter que ses amis étaient là, non loin d’elle.
Lorsque le soleil se coucha, on leur apporta un repas chaud bien plus garni que ce qu’ils avaient pu espérer. De la viande rôtie, un bol de soupe et un morceau de pain semblant sortir tout droit du four. Ce n’était clairement pas la nourriture qu’on servait habituellement aux prisonniers à Zankior. En voyant cela, Ash se sentit étrangement soulagée. Peut-être les Etrahs étaient-ils plus tolérants avec leurs prisonniers ? Après tout, ce qu’elle savait de ce peuple ne lui venait que de racontars. De même, la couche présente dans la cellule était presque confortable et les commodités se trouvaient séparées du reste de la cellule par une petite cloison de branches. Tout cela était bien plus confortable que ce à quoi ils avaient eu droit depuis leur fuite. Finalement, la seule chose qui dérangeait Ash était l’attente. Ils étaient prisonniers, mais pourquoi ? Dans quel but ? Allaient-ils être exécutés tout de même ou pouvaient-ils espérer la clémence du roi ? L’incertitude était la pire des compagnes.
Tandis qu’elle se torturait l’esprit avec toutes sortes de scénarios, Ash glissa doucement dans le sommeil. Sa fatigue avait atteint son paroxysme, il lui était impossible de résister plus longtemps.
Une vaste étendue de fleurs sauvages se dessina alors tout autour d’elle. Elle sentait l’herbe fraîche chatouiller ses pieds nus tandis qu’elle humait profondément l’air chargé de l’odeur de la nature. Au loin, une colline s’élevait, elle aussi remplie de centaines de fleurs multicolores. À son sommet trônait un gigantesque arbre aux branches couvertes de fruits. Il y en avait plein, de toutes les formes et de couleurs différentes. Sans même y réfléchir, Ash se dirigea vers lui. Une fois arrivée en haut de la colline, elle découvrit en contre-bas une rivière à l’eau si claire qu’on voyait parfaitement les poissons qui s’y agitaient. Plus haut, un aigle tournoyait majestueusement dans le ciel, disparaissant de temps à autre dans l’éclat du soleil. Il faisait lourd, mais une agréable brise rendait la chaleur tout à fait supportable.
Ash s’installa au pied de l’arbre et contempla cet incroyable paysage.
C’était le calme et la tranquillité incarnés. Le clapotis de l’eau sonnait comme une douce mélodie qui accompagnait la respiration profonde d’Ash. Chaque inspiration inondait ses narines du parfum des fleurs. Jamais elle ne s’était sentie aussi apaisée.
Un fruit vint s’écraser à terre, non loin d’elle, comme s’il lui était offert. C’était cette espèce de poire bleue que Kaïh leur avait donnée dans la forêt émeraude. Ash la ramassa et croqua dedans en souriant. Mais au lieu de ressentir la fraîcheur mentholée du fruit, elle eut l’horrible goût de la cendre en bouche. Elle se mit alors à tousser bruyamment, suffoquant tant le goût était acre. Bientôt, la poire bleue sembla se consumer dans sa main, comme noircie par des flammes invisibles, tandis que les fruits tombaient de plus en plus nombreux de l’arbre. Ash s’en éloigna, paniquée.
L’arbre tout entier semblait noircir puis s’effriter en une fine poussière dansant dans le vent qui avait redoublé en force. Puis ce fut la terre aux pieds de la princesse qui s’assombrit tandis que les fleurs alentour fanaient à une vitesse hors du commun. Ash assista ainsi impuissante à la destruction de tout ce qui l’entourait. La rivière s’assécha et les poissons s’agitèrent à l’air libre, asphyxiés par l’air. Dans le ciel des nuages s’agglutinèrent en un voile gris parcouru d’éclairs et l’aigle qui s’y trouvait chuta vers le sol. Il n’eut même pas le temps de le heurter, déjà transformé en cendres balayées par le vent. L’herbe vola en poussière, révélant un sol sec, éventré par des lézardes.
Ash comprit qu’elle rêvait seulement au moment où son double apparut devant elle. L’odeur de souffre qu’elle dégageait était si forte que la princesse ne put s’empêcher de s’effondrer au sol en vomissant tout ce que son estomac semblait contenir. La sensation lui parut presque réelle.
– Qui es tu, bon sang ! s’exclama-t-elle après avoir retrouvé son souffle.
– Où se trouvent les rêves, quand on rêve, Princesse ? répondit l’ombre. Puisqu’ils existent, ils se trouvent forcément quelque part, non ? Réveille-moi et tu sauras tout.
Les yeux vides de son double se plissèrent tandis qu’un sourire malsain se dessinait sur son visage.
– Mais comment puis-je te réveiller dans ce cas ? Je ne comprends pas ce que tu attends de moi. Cela fait des jours que tu me demandes cela.
– Frappe à ma porte, tu es la seule que j’accueillerai à bras ouvert.
– Où se trouve cette porte ? insista Ash agacée.
– Bientôt, Princesse. Bientôt, tu la trouveras. J’espère que tu feras le bon choix. Ne laisse personne t’éloigner de cette porte, car tu y reviendras toujours.
Un éclair s’abattit au sol, non loin d’elle, provoquant un tremblement si fort qu’elle en eut la nausée. Puis un nuage de fumée noire les enveloppa et Ash se sentit tomber dans le gouffre habituel qui marquait la fin du rêve.
– Eh ! Qu’est-ce qu’il se passe ? hurla une voix lointaine.
– Ça va aller ? demanda quelqu’un tout près.
Peu à peu, Ash reprenait conscience. Elle était à quatre pattes au sol, face à une marre de liquide jaunâtre. Elle comprit à l’odeur nauséabonde qui agressait ses narines que c’était le fond de son estomac qui se trouvait sur le sol de sa cellule. Elle se redressa avec l’aide du garde qui était semble-t-il venu à son secours.
– Qu’est-ce qu’il m’est arrivé ? articula-t-elle après avoir retrouvé ses esprits.
– Je ne sais pas. Vous dormiez et soudain vous êtes tombée au sol en vomissant.
– Ash, tout va bien ? hurla la voix de Kaïh.
– Oui, ne t’inquiète pas.
Elle avala plusieurs gorgées d’eau directement au pichet que le garde lui tendait pour faire partir l’horrible goût qui lui restait en bouche. Si ses rêves commençaient à l’affecter dans la réalité, ce n’était sûrement pas bon signe. Mais plus elle y repensait, plus elle se persuadait que ce n’était vraiment rien de grave. Un simple traumatisme qui passerait avec le temps.
Après un moment de flottement, Ash fixa le garde qui était resté planté devant elle.
– J’étais venu vous chercher, suivez-moi.
– Pourquoi ? Où va-t-on ?
– Ne discutez pas, suivez-moi.
Elle s’exécuta donc sans opposer de résistance. Après tout, il fallait bien que quelque chose se passe. Elle ne pouvait pas rester enfermée ici toute sa vie. Ce n’était donc pas une mauvaise chose de faire avancer l’histoire, au moins pour voir vers quoi elle menait.
Après avoir gravi une volée de marches et franchi une large ouverture dans un mur de racines et de branches aussi large que son torse, Ash découvrit enfin la ville des Etrahs. Nul doute qu’elle avait en face des yeux la capitale.
Toute la ville semblait avoir été construite au sein d’un dôme de racines géantes. A son sommet, une large ouverture laissait la lumière tomber sur la ville. Une ville qui tenait plus d’un majestueux jardin que d’une ville comme elle en avait vu jusque là. Une nappe de verdure recouvrait chaque bâtiment. Certaines maisons semblaient avoir été encastrées dans le tronc de larges arbres aussi touffus que ceux de la forêt émeraude, si ce n’est plus. Par endroit de longues tours, couvertes de lierre lui même recouvert de petites fleurs couleur crème, émergeaient du sol. Des haies parfaitement taillées bordaient les chemins de terre parcourant la ville et un cours d’eau semblait diviser la capitale en deux, matérialisant le diamètre du cercle que formait le dôme.
– Allons-y, ordonna le garde après avoir laissé un moment de contemplation à Ash.
– Vous pourriez au moins me dire où on va, remarqua Ash en se remettant en marche.
– Je vous emmène au château.
– Un château ? Où ça ? Je n’en vois pas ici.
– Ah bon ? Pourtant on ne peut pas le rater, se contenta de répondre le garde.
Elle se dit alors qu’elle le verrait bien assez tôt.
Ils ne pénétrèrent pas vraiment dans la ville, se contentant de marcher le long d’un chemin qui bordait le dôme, jusqu’à atteindre un escalier qui menait à une plate-forme de branches aux bords fleuris. Tout ici était jonché de fleurs ou de plantes colorées. Ash jeta à nouveau un œil à la ville depuis ce nouveau point de vue, plus en hauteur. Elle remarqua alors une grande fontaine, pile au centre de la ville. Elle avait la forme d’un cône au sommet duquel était sculptée une jeune femme couverte d’un simple voile, les bras tendus, comme dans l’attente d’une étreinte. De chacune de ses mains jaillissait de l’eau qui tombait dans la rivière scindant la ville.
Ash n’eut cependant pas le temps de plus détailler la femme qui y était représentée, car une ouverture venait de se dessiner dans le dôme derrière elle. Elle y suivit le garde qui y pénétrait et comprit enfin où elle se trouvait. Ce qu’elle avait pris pour un simple rempart autour de la ville était en fait une mosaïque de couloirs et de larges pièces agencées au sein du dôme. Voilà où se trouvait le château. C’était le dôme lui-même. Le chemin qu’ils empruntèrent ne permit cependant pas à Ash de se faire une représentation mentale de l’architecture si singulière de ce bâtiment. Le nombre de couloirs et d’escaliers qu’ils passèrent lui donna presque le tournis. C’était un véritable labyrinthe. Impossible pour elle de retrouver même la sortie.
Ils finirent par arriver dans une salle haute de plafond qui abritait en son centre un arbre aux feuilles dorées. Des ouvertures dans les branches qui composaient les murs permettaient à la lumière du soleil d’illuminer efficacement la pièce. Des cartes plus ou moins détaillées du monde étaient accrochées sur les murs. Certaines détaillaient même Zankior et ses environs avec précision. En voyant cela, Ash eut la désagréable sensation que sa fin pouvait être très proche. La guerre qui opposait Etrahs et Humains était ancrée trop profondément entre ces deux peuples. La clémence ne serait sans doute pas de mise dans ces conditions. Mais si c’était là son destin, elle se battrait contre. Même si c’était perdu d’avance, elle n’accepterait pas si facilement la fin de son histoire.
En détaillant un peu mieux l’arbre aux feuilles dorées, elle s’aperçut qu’un trône y était sculpté. Et juste devant, deux Etrahs discutaient, penchés sur une table couverte de papiers. L’un d’eux était celui qui les avait capturés dans l’ancienne Zankior. Lorsque l’autre aperçut Ash, il congédia son interlocuteur, de même que le garde qui l’avait menée jusque là. Si cette personne était bien le roi, c’était là un comportement très étrange. Il ressemblait beaucoup aux autres Etrahs qu’elle avait vus. La seule chose qui le distinguait un peu était sa chevelure, bien plus longue, nouée en catogan et d’un blanc immaculé.
– Bonjour Princesse, je suis Aostaris d’Ertiopa, roi des Etrahs. Bienvenue à Ares, la capitale d’Ertiopa
– Vous savez qui je suis ?
Un sourire apparut sur son visage, et de profondes rides s’y dessinèrent.
– Ash Zanakioriah, princesse de Zankior, fille unique d’Hisran Zanakioriah et de Lunha Lenari-Astar. Nul n’ignore votre nom ici.
« Lenari-Astar »… c’était donc le nom de sa mère. Elle ne l’avait jamais entendu. Comment ce vieil Etrah pouvait-il savoir cela alors qu’elle-même l’ignorait ?
– Que voulez-vous ? demanda-t-elle sans détour.
– Ce que je veux, moi ? Pas grand chose et énormément en même temps. Mais ce qui compte le plus c’est ce que vous désirez, vous, Princesse.
– Je ne suis plus princesse, trancha-t-elle en serrant les dents.
Elle se sentait irritée par sa manière de parler. Il n’avait pourtant rien dit de méchant et n’avait pas pris de ton condescendant avec elle. Mais quelque chose dans sa voix lui faisait l’effet d’ongles crissant sur de la pierre. Sa façon de se tenir aussi, était étrange. Il semblait rester parfaitement immobile face à elle, imperturbable. Comme si ses jambes avaient été plantées dans le sol. Elle avait l’impression de parler avec une statue.
– Je sais. Le vent nous a apporté la tragique nouvelle de la mort de votre père. Peu de choses nous échappent.
– Pas si tragique pour vous, j’image, rétorqua Ash.
Le roi des Etrahs la fixa un instant de ses yeux de chat, sans sourciller une seconde, après quoi il soupira en baissant le regard.
– Détrompez-vous. Même s’il est vrai que nos peuples ne s’entendent pas particulièrement bien, je ne trouve aucune joie dans la mort de votre père.
– Alors pourquoi avoir tenté de l’assassiner à plusieurs reprises ?
– Vous n’avez toujours pas compris, Princesse ?
– ARRETEZ DE M’APPELLER PRINCESSE !
C’en était trop, Ash était hors d’elle. La colère l’avait submergée sans crier gare. Et comme pour l’encourager dans cette voie, tout lui était revenu d’un coup : la trahison d’Anghor, la mort de son père, le piège de Lohan, les jours passés dans la forêt et leur capture dans l’ancienne capitale. Elle en avait assez d’être ainsi ballottée par le destin. Elle voulait des réponses ou des explications. Quelque chose qui donnerait du sens à tout cela.
Les larmes lui montèrent rapidement aux yeux, mais elle fit un gros effort pour les retenir aussi longtemps que possible.
– Pardonnez-moi, Ash. Je vais vous expliquer. Prenez place.
Il pointa du doigt un coté de la pièce et Ash vit des branchages y pousser brusquement, s’entrecroiser comme des fils tissés et former deux fauteuils se faisant face. Elle refusa cependant de s’y asseoir et resta debout, les poings serrés, toujours soucieuse de ne pas laisser les larmes déborder de ses yeux. Aostaris s’y installa tout de même, caressant sa longue barbe blanche elle aussi nouée en catogan.
– Anghor Tanos n’a jamais été fidèle à votre famille, comme il le laissait entendre. Son cœur à toujours été aussi noir que les ténèbres. Il a œuvré pendant des années pour envenimer la guerre entre nos deux peuples. Les assassins Etrahs qui ont été envoyés pour tuer vos souverains, de même que nombre d’émissaires présentés à votre père comme des porte-parole des Etrahs, n’étaient en fait que des mercenaires à la solde d’Anghor. A aucun moment je n’ai commandité d’attentat contre le roi Hisran ou vos ancêtres, tout cela faisait partie de la comédie d’Anghor.
Ash avait du mal à comprendre. Même si c’était là une information capitale, elle ne parvenait pas à en saisir l’importance.
– Mais cela fait facilement deux-cents ans que nos peuples sont en conflit.
– Et cela fait deux-cents ans au moins qu’Anghor seconde les rois et reines de Teronel.
– Baliverne ! Comment aurait-il pu vivre si longtemps ?
Le roi des Etrahs sourit. Il laissa un moment de silence avant de répondre, comme s’il jaugeait intérieurement le pour et le contre.
– Ça ne peut vouloir dire qu’une chose : Anghor Tanos n’est pas un Homme.
– C’est n’importe quoi.
Aostaris laissa échapper un petit rire satisfait.
– Sachez que nous autres Etrahs qui sommes liés à la nature, pouvons vivre près de cinq-cents ans.
– Mais Anghor n’est pas un Etrah, je l’aurais remarqué.
– Non, il n’en est pas un. Il est… quelque chose d’autre.
À nouveau le silence s’installa. Ash ne put s’empêcher de se répéter encore et encore ce que venait de lui révéler Aostaris. Anghor n’était pas un Homme et œuvrait depuis des siècles pour déclencher une guerre. Tout cela semblait être… trop simple. Peut-être si simple que personne jusque là n’y avait prêté attention.
– Pourquoi ? lâcha Ash sans même s’en rendre compte.
– Pour la même raison qui pousse un peuple à vouloir la guerre. La soif de pouvoir et de conquête. Il veut sans doute devenir roi de Gaëa, car il considère les autres comme des êtres inférieurs. Et pour cela il est même prêt à se souiller.
– Comment ça ?
Aostaris lui fit signe de s’asseoir en face de lui et cette fois-ci Ash obéit. Ses larmes s’étaient presque complètement évaporé. Elle commençait enfin à avoir des réponses à ses questions. Elle n’en mesurait pas encore toute la portée, mais quelqu’un daignait enfin lui expliquer les choses.
– Anghor a toujours convoité une seule chose : le pouvoir. Et pour ce faire, il a poussé les dirigeants de Zankior à nous faire la guerre. Mais il n’a jamais réussi à convaincre pleinement vos ancêtres. Votre peuple, bien que jeune comparé aux Etrahs, est sage et sait distinguer le bien du mal. Le but ultime d’Anghor était d’obliger l’un des rois ou reines à briser son serment. J’imagine que vous ne connaissez pas le serment des Hommes ?
Ash secoua la tête, silencieuse.
– Je vais vous expliquer, mais avant, lisez ceci.
Il lui tendit une page vierge qu’il sortis d’une de ses larges manches. A peine Ash l’eut-être prise que des lettres se dessinèrent dessus, comme illuminées par une douce lumière.
Et elle se mit à lire.
Je viens tout juste de finir de lire et c’est tout simplement trop bien.
J’attends la suite avec hâte !
Sank’yu très chère Yumi, lectrice fidèle ! Le chapitre 6 sera là dans deux semaine, mais j’espère que tu ne vas pas me haïr en le découvrant (rire). Le chapitre 7 quand à lui est vraiment très sensible, il va me falloir du temps pour le remanier de la meilleurs façon.
J’aime lire les commentaire de lecteurs, surtout n’arrête pas de laisser des petit mot, ça m’encourage beaucoup ^^
Wouaaah j’adore cette espèce « d’entrée en intrigue » (je crois bien avoir inventé une expression, j’espère que tu comprendras le sens XD) sur la nature du personnage d’Anghor! Mince, je me rappelle qu’il y avait pleins de types d’espèces dans le prologue… (p’tet qu’il en fait partie? o.o)
Bon, je vais lire la suite pour comprendre un tit peu mieux moi aussi haha! 😛
Ah ah, tu n’es pas au bout de tes surprise. Accroche toi 😉